Tendance Ellipsis 360

j'ai un succès fou

Nous avons toutes et tous reçu des mails enflammés venant de pays chauds chauds, expédiés au petit bonheur la chance par des inconnus amoureux,  aux prénoms qui fleurent bon la vieille France : Isidore, Aimé, Ursule…
L’orthographe est discutable, le contenu assez incompréhensible mais la finalité relativement claire : l’expéditeur veut nous épouser (et plus si affinités).
Voilà que les déclarations exotiques ont passées la barrière de mon téléphone portable et envahissent mon espace messagerie. Il m’aura fallu un bon moment et quelques cafés pour décrypter, au petit matin, ce que mon mystérieux admirateur cherchait désespérément à me dire. C’est une histoire à épisodes, que l’auteur a d’ailleurs numérotés, histoire que je suive un peu le fil de ses intentions…

Morceaux choisis :

Cathy, je te souète bonne année 2008. Sante, amour l argent. Et Dieu te garde durant toute
l ane 2008. Toi tu rappel plus de moi. Me moi je te connais. Le premier jr ou je te parle tu ma vraiment touche mon cœur. Et j’ai fai tous pour retrouve ton nimero de telephone. Le jr en va ce rencontré ns 2.

Bien. J’avais dis dans mon billet précédent pas de vœux par sms, s’il vous plait. J’en déduis donc que mon amoureux n’est pas un de mes fidèles et nombreux lecteurs…

N2. Je veu vraiment fair connaissance avec toi. Je va t explique comment j’ai retrouve ton nimero. Je suis pas mechant et pas vianlont. J’ai 33 ans jeune africain celibatair. Homme libre. Pas une copine- Je voule vraiment un jr je te ranconte dans paris. Ou n’importe quelque en droit, ou tu veu. Je me déplace.

N3 Si tu t abite aprovience. Je va me deplace pour ce rancontre ns 2. j abite a paris 12Eme. Tu tros belle. Plus rien a te dire ojourd hui. Bonne nuit et dieu te garde. En va garde notre histoire. Je vas ton envoye en cor. De texito demain. En vas ce communique dans la semaine. Prochain.1

N4Tu ma ve vraiment touche mon cœur, je suis pas draguer de sms, et su je t’envoi de sms ce par ce que je te dèja vi, dans paris 3 foi. Et je te parle une foi. Su un jour, tu le temps en ce fixe un rende vous a paris. Ou province, moi je va me deplace pour venir le rendez vous. Ne porte en derois ou tu veu.

N5Eglon Cathy, su je te te connai pas je deve pas te envoye de sms. Un jour je va te dire comment j ainsi retrouve ton nimero...Le jour ou en n a veu parle a paris.

N6Su un jour tu disponible je va t evite au restaurant dans paris. Et je va te dire comment j ai trouve ton nimero.
Il y a beaucoup de manière de faire connaissance avec quelque..Bonne journée. Je veux que nous deux en ce communique par sms. Eglon Cathy je t’appel dimanche. Ou semain prochain.

Là, Eglon Cathy pique une crise et appelle le Monsieur. Messagerie. Je lui explique posément mais fermement que non, ca va pas pouvoir le faire. Que les fautes d’orthographe ne me font pas frétiller les ovaires et que de surcroit je suis très mariée. Clic !

Réponse de l’intéressé :

Je pense que tu est cèlibair. Je te derange plus. Et si tu as une copine cèlibatair tu peu me pistone et donne mon nimero a elle. Je cherche une femme cèlibatair.

Alors les copines…intéressées ??

Tu voeux ou tu voeux pas?

C'était trop bon pour ne pas vous en faire profiter.

Moi qui ruminait dans mon coin et qui fulminait sur ces voeux à la chaine reçus sur mon portable, reçus dans ma boite mail...moi qui, telle la vieille conne qui comprend rien, ne comprenait effectivement plus rien à cette tendance galopante pour la facilité dans les attentions..allez hop, trois mots, emballé c'est pesé et zou à tout le répertoire. Voilà, c'est fait, j'suis tranquille pour cette année.

J'ai donc pris le parti de ne pas répondre, de ne même pas lire, d'apporter autant d'attention à mon expéditeur qu'il en a eu à mon égard > Fichier/Supprimer. Etes-vous sure de vouloir supprimer? Et comment!

Tout ça pour vous dire, à vous qui n'avez pas 3 minutes à m'accorder pour me souhaiter de vrais voeux personnalisés, sur du papier de préférence et en oubliant les formules toutes faites, que vos voeux peuvent rester où ils sont...ils iront droit dans ma poubelle virtuelle. Merci.

Edito de ELLE du 31 décembre 2007

"Ceci est une déclaration solennelle.
Cette année, la Texto effervescence ne passera pas par moi. Avis à ma très chère famille, mes très chers amis, mes très chers copains et mes très chers alliés : mon portable sera fermé du 31 décembre midi au 2 janvier.
Et quand je le rouvrirai d’un geste posé et serein, je jure devant Orange, Bouygues, SFR et consorts que je ne répondrai à aucun Texto impersonnel ni n’en enverrai.

Ce retrait volontaire du monde moderne n’est pas un effet collatéral de Grenelle de l’environnement, même si baleines, ours blancs et bonobos applaudissent en lisant ces lignes. Il faut que vous sachiez que, l’an dernier, l’envoi de SMS pour la seule journée du 1er janvier a battu tous les records en Europe. Or, le pompon revient à la France : 200 millions dans les premières heures de 2007, 160 en 2006, 130 en 2005 et 88 millions seulement en 2004. Jackpot pour les opérateurs.

Vers une heure du matin, nous nous sommes tous vus, enfermés dans un monde intérieur, taper frénétiquement sur des touches qui ne répondaient plus – les circuits étant largement encombrés. Que d’énergie déployée pour élaborer quelques mots sans mettre de singulier, pluriel, masculin ou féminins. Et surtout arriver le premier pour éviter l’indigent « Moi aussi ». Certains se fabriquent plusieurs fichiers :

«  Je te souhaite… », « Je vous souhaite… », « Ma chérie… », « Mon… », « Mes… », etc. Mais la grande majorité, d’après les statistiques, se contentent d’envoyer à l’ensemble de leur carnet d’adresses un « bonne année ! » (avec – vous avez noté – un rigolo point d’exclamation).

Autre fléau en perspective : Les vœux préfabriqués par e mail qui commencent à déferler. Fabuleux lâchers de ballons, de fleurs, de champagne, d’étoiles, de cœurs, de chiens, de chats, de nounours, de guirlandes…Vingt à trente secondes d’infantilisation, et plus si acharnement informatique. Le vœu d’or revenant cette année à une création qui et en train de transformer nos ordinateurs en clapiers : une vidéo où la photo de l’expéditeur remplace le minois d’un sémillant lapin qui, debout et avec moult mimiques et images, vous souhaitent en chantant une formidable année. De quoi nous rendre immédiatement et définitivement végétariens ! Il faut dire que tout le monde n’a pas la chance et l’honneur de profiter de la première page de votre journal préféré pour vous souhaiter, les yeux dans les yeux, à chacun et à chacun, une vraie «  Bonne et heureuse année 2008 ». Vous la méritez vraiment".

Marie-Françoise Colombani

Frangines

Aujourd’hui, une très chère a 50 ans.

Ma petite sœur attend un bébé toute seule. Elle semble heureuse.

L’autre frangine, un peu moins petite,  est triste parce que sa vie n’a pas été drôle...

Moi je surnage.

Portraits de mes frangines de sang ou de cœur.

Cinquante ans. Magnifique, aimée et aimante, heureuse et radieuse (je pourrais dire bien plus mais le retour serait fulgurant, alors rien de plus mais je n’en pense pas moins).

Vingt huit ans, future mère célibataire (peut-être hein, pas sur), pataugeant dans les flaques de boue en éclaboussant au passage les bien-pensants. Petite, petite sœur qui me ressemble tellement qu’elle pourrait être moi.
Trente huit ans, dévouée, maman infiniment, épouse contre vents et marrées, pas très heureuse mais méritante, ho oui! nom d’un chien méritante ! Jamais je n’aurais pu vivre sa vie. Tant d’abnégation, est-ce bien raisonnable ?

Quarante ans..c’est moi. Quarante ans, that’s it. Je me démerde.

Je flotte dans la vie qui me trimballe au gré de roulis plus ou moins agréables…Ma vie à moi a été drôle.
Drôle ne veut pas dire rigolote. On va dire étonnante alors, et on va dire qu’elle a pas fini de me surprendre, la gueuse…et on va dire qu’elle met sur mon chemin suffisamment d’embuches et de personnages pour que je m’interroge…mais merde, c’est quoi l’histoire ?  Y’a un truc à comprendre ?

Y’a rien à comprendre. Il y a la vie et les gens qui vont dedans. Ceux qui vous parlent et vous émeuvent, ceux qui vous veulent du bien mais sans forcément le dire, ceux qui vous veulent du mal et ne le disent jamais, ceux qui sont tièdes et sans intérêt, ceux qui bouleversent et qui chahutent, ceux qui passent, ceux qu’on n’oublie pas…

To be continued…

aimée à la folie

J’ai longtemps cru, il m’a longtemps fait croire, que je n’étais pas une femme battue.

Il m’aimait, il m’aimait trop et mal et notre relation fusionnelle nous emportait dans les excès, il me l’a dit.

Il était bien trop sensible lui, l’homme aux poignets et aux traits fins, mon beau musicien, mon batteur, pour avoir envie de me faire du mal. Il n’avait pas envie, il ne voulait pas mais avec mon comportement, c’était inévitable, il ne pouvait pas supporter cette manière que j’avais de les séduire…tous.

Les amis se sont éloignés, je suis restée seule avec lui, seule avec ma fille aux premières loges.

Seules. Toutes les deux toutes seules avec la peur qui prend le ventre chaque soir.

J’ai vite compris qu’il ne fallait pas chercher à discuter, à me défendre ou à désamorcer ce qui se mettait en marche invariablement dès que le mélange alcool et médicaments commençait à produire son effet dévastateur. Rester dans un coin, essayer de mettre ma fille à l’écart, qu’elle aille dormir chez une copine, qu’elle reste dans sa chambre et attendre.

Attendre le lendemain. Ses regrets, sa peine, ses excuses, ses larmes et les miennes, ses bras qui devenaient mon refuge, ses promesses.

Est-ce que j’avais déjà été aimée comme ca ? Non.

Est-ce que quelqu’un d’autre pourrait m’aimer comme ca ? Jamais. Il me l’a dit.

Alors, je prenais soin de lui, le seul homme capable de m’aimer et j’étais sure qu’un jour il irait mieux. L'amour peut tout guérir.

J’ai découvert les bouffées délirantes et leur crescendo, la folie qui s’insinue dans vos jours et vos nuits, lentement, qui vous prend tout votre espace. Il n’y avait plus que lui. Lui et son malaise, lui et sa souffrance, lui et le besoin que j’avais de l’aider, de le sortir de cet enfer, pour que le mien s’arrête enfin.

Et puis, il y a les jours de doutes. Il a raison, je ne suis pas une femme battue. D’ailleurs, je n’ai presque pas de marques. Quand il me tire de mon lit par les cheveux, en plein sommeil, ca ne laisse pas de traces visibles. Quand il m’humilie, quand il serre juste assez mais pas trop, pas de traces, quand il me terrorise et que j’entends ma fille hurler, pas de traces. On est trop fusionnels, c’est ca. On est dans la démesure. C’est un écorché vif, un jazz man, et j’ai la chance de vivre avec cet homme qui m’emmène dans son univers, dans sa musique. Il y a toujours un prix à payer, toujours.

J’ai perdu le sommeil. La nuit, tellement de choses peuvent arriver. J’attendais le matin et je partais travailler, épuisée. J’ai dû quelques fois inventer des petites histoires pour une lèvre fendue, un œil amoché, mais pas trop souvent. Personne n’y a rien vu au bureau. J’étais juste fatiguée à cause de ces foutues insomnies.

Le médecin m’a prescrit un hypnotique. Un hypnotique…voilà ce qu’il me fallait. Cinq ans d’hypnose médicamenteuse pour me plonger dans le coton et ne plus rien voir ni sentir. Tout pouvait arriver, je n’en gardais que de vagues souvenirs, parfois quelques traces. Le tiroir à médicaments nous offrait notre voyage quotidien vers le néant. J’attendais maintenant le soir avec impatience pour me plonger dans mon cocon rassurant.

Ma fille, elle, n’était pas sous hypnose. Six ans de cette vie là.

On les aime...

Blogueuse Influenceuse Cucurbitacée

D’aucuns me diront que je continue avec ma manie du végétal…est-ce ma faute à ma moi si la nature nous amène sur un plateau matière à comparaison ?

Le sujet du jour : comment certaines petites starlettes de la blogosphère prennent le melon.

J’ai osé. Oui, j’avoue j’ai osé mettre les pieds chez une très influenceuse blogueuse (ou le contraire). J’y ai lu, perplexe, des billets pondus sur rien, des commentaires tout aussi vides bien sur, mais toujours agrémentés de moult flatteries, gentillesses, et ronds de jambes à l’égard de l’Auteur régnant sur son tas de fumier et agrémentant son fan club de quelques petits mots bien sentis, en professionnelle qu’elle est, non mais.

Pour ne pas faire de vagues, j’aurais donc dû soit tourner les talons en haussant les épaules (on peut se tromper d’adresse ce n’est pas un drame) soit comme ce fut le cas, laisser une trace de mon furtif passage sans prendre de pincettes et en signalant au passage que la starlette propriétaire des lieux avait eu l’indélicatesse de snober un mail que je lui avais envoyé quelques jours auparavant, mail lui présentant le concept d’une de mes copines, destiné aux nanas accro aux marques et aux frou-frou (dont je suis), avec le secret espoir que sa Majesté veuille bien lui faire l’honneur d’un petit billet.

La réaction ne s’est pas faite attendre et la courroucée de prendre sa plus belle plume pour me répondre (par mail si, si !) que je suis vraiment une méchante méchante, mal polie, mal élevée et stupide et qu’elle est scotchée et que vraiment elle regrette pas de pas m’avoir répondu et que d’abord si elle m’a pas répondu c’est parce qu’elle voulait me faire une jolie réponse et prendre le temps et tout ca mais que du temps, ben elle en a pas, vu qu’elle bosse 75 heures par semaine comme une damnée et qu’elle n’a pas que ca à foutre et que c’est son boulot avant le blog et patati et patata…bref, je crois que définitivement, je suis grillée auprès de la starlette à melon. Elle aime pas mes manières agressives et tout de go, son verdict est tombé
«  ca va pas être possible, pas être, possible ». Vlan.

Je suis effondrée. Effondrée !

Tout… mais pas le Père Noël !!

Voilà ca recommence, c’est le point de référence, les années passent à une vitesse vertigineuse et c’est reparti.
Du vert, du rouge, du doré et des bonnes intentions sur fond de cadeaux toujours plus hors de prix, de grosses bouffes dégoulinantes de gras, d’esprit de famille, de biscuits de Noël, de buches, de dindes, de grands magasins illuminés…fait chier !
Je fêterai pas Noël, parce qu’il y a belle lurette que ca ne veut plus rien dire.

Parce que Noël, c’était se réveiller enfant, après avoir très mal dormi en attendant le père Noël, après avoir chuchoté des heures durant avec la petite sœur sous les draps, imaginé, rêvé… et descendre vite au pied du sapin pour trouver un tas de petits paquets, des petites choses, des choses pas chères, mais emballées avec soin…le père Noël avait bu au passage le bol de chocolat chaud, il avait remercié en laissant quelques bonbons et tous ces paquets, babioles de rien, souvenirs impérissables.
Je fêterai pas Noël parce que le seul plaisir qu’il pourrait y rester serait de regarder ma progéniture s’émerveiller. Il y a longtemps qu’elle ne s’émerveille plus, il y a longtemps qu’elle attend son chèque et basta.
Et puis, ca va continuer avec le jour de l’an et le « je vous ordonne de vous amuser » parce qu’on change d’année…ha bon ? et quoi ?
Je ferai des cadeaux quand je veux, à ceux que j’aime…pas parce que ca se fait mais parce que j’en ai envie.
J’y prendrai grand soin. Je les offrirai quand je voudrai.
Je ne ferai pas la fête parce que le 31 décembre ca se fait.

Je ferai des fêtes imprévues, qui débarquent comme ca, sans préméditation et juste pour que la nuit dure le plus longtemps possible auprès des gens que j’aime, inconnus ou amis de toujours, peu importe.
Je vais me débattre et lutter, parce que bon courage pour expliquer aux « autres » que vous, ces fêtes de fin d’année, vous vous en battez l’œil souverainement…à Noël, je ferai un feu dans ma cheminée, comme souvent.
Je prendrai un petit verre et sans doute plus. Je grignoterai peut-être des bricoles sur une nappe blanche devant le feu et je me souviendrai avec une pointe de tristesse dans le cœur des Noël de mon enfance et de ceux de ma fille devenue grande…

Sur les pointes...

Il faut l’avoir vécu pour comprendre.

La douleur de l’absolu bonheur...

Emmener son corps aux limites, le torturer pour mieux le faire parler et aucun geste, pas le moindre, laissé au hasard…Apprendre, prendre et donner…regarder, s’inspirer et s’émouvoir de la grâce tout simplement, de la grâce, fruit d’un travail acharné.
Aucun de ces gestes n'est naturel, tous sont faciles à regarder, tous semblent une évidence et tous parlent…
La légèreté et les pointes tendues à l’extrême, l’émotion, l’harmonie des corps qui ont une raison d’exister parce que l'esprit et le cœur le veulent intensément et parce que la danse est une vie, un langage, une patrie…
Quand le muscle, l’énergie, la force sont mis au service de la sensibilité et de la beauté, le résultat est magique…

esprit virtuel, es-tu là?

Certains soirs, les mains sur le clavier, fatiguée d’avoir usé les mots, je regarde cet écran qui ne sera jamais autre chose qu’un rectangle sans âme. Je le regarde comme si quelque chose de miraculeux pouvait en sortir, une fantaisie dans le quotidien…et d’un coup, le miracle se produit…pfft…il y a de la vie derrière ce truc là.

Des gens avec des vies. Des gens avec leur histoire, leurs joies, leurs douleurs et leurs petits riens...

Et l’écran me parle. Et je réponds à l’écran. Je souris aussi…L’écran les rend comme je voudrais qu’ils soient. Sans histoire. Juste là pour moi, juste me dire m'écrire ce que j’ai envie d’entendre de lire, attentifs et aux petits soins, loin de la "real life" et de son quotidien qui ronge…un petit monde parallèle, peuplé de petits habitants bien attentionnés. Et tout devient possible.

Vas-y ! Montre-toi si tu es un….montre-toi quoi !

Sors de là, embarque-moi, kidnappe-moi et repose-moi en douceur là où tu m’as trouvée...j'oublierai qui tu es, tu oublieras aussi. Je resterai la rose sous son globe, celle qui fait des caprices, qui réclame des soins et de l'attention, insupportable et adorable, piquante et douce.

Certains soirs, ce rectangle sans âme pourrait bien absorber la mienne tout entière et je la lui livrerais sans résistance et de bon cœur, pour passer de l’autre côté et être une autre, juste un moment…puisque ce n'est que virtuel.

Encore un peu de protéines?

J’ai failli commencer ce billet par:

« J’ai une amie qui, voyant quelques petites rondeurs disgracieuses s’installer sur ses hanches de sirène, court chez son médecin pour lui demander de remédier au problème par tout moyen à sa convenance ».

Oui, je l’avoue, j’ai failli.

Pas facile d’avouer que, telle la lolita que je ne serais plus jamais, je suis capable de sombrer dans le plus noir des cafards si l’aiguille de la balance pointe un peu trop vers la droite.
Pas facile non plus de ne pas renoncer et de décréter qu’ad vitam aeternam, ce sera 36 ou…36 !
Je sais, je sais, c’est superficiel de vouloir entrer dans la quatrième décade avec une silhouette de minette.
M’en fous !

On me dit qu’on se bonifie avec l’âge et qu’être une rousse pulpeuse, c’est pas mal aussi…Oui…
Mais non.
Mes fringues en 36, je n’entre plus dedans et les 38 commencent à boudiner sérieusement alors soit je continue à me lamenter en pestant sur mes gênes gènes et sur mon métabolisme à coup sur totalement détraqué, soit je me prends par la main et je vais voir mon médecin.

Je me prends donc par la main.

« Tiens, bonjour ! Je vous avais pas reconnue ! »

« Oui, ben tout le problème est là, je vais vous expliquer »

« Qu’est-ce qui vous arrive ? »

« Faites pas semblant de pas voir, vous m’avez pas reconnue alors…ce qui m’arrive, regardez ! »

Et là, je me lève, je tourne, exhibant ce qui dépasse…

« Bon, vous savez combien vous avez pris ? »

« Nan ! Je refuse de monter sur la balance ! »

«  Vous savez moi, j’ai pris 10 kg…comme ca ! Que des emmerdes. Mon frère s’est suicidé, ma mère s’est défenestrée (mais ca va elle s’en est sortie), et ma fille m’annonce après 3 mois de fac de médecine qu’elle veut faire les Beaux Arts. Et moi…je gonfle »

« Ma pauvre ! je sais pas quoi dire…du coup, vous compensez, c’est ca ? »

« Même pas ! J’y comprends rien. Je gonfle ! »

Là, je sens en mon for intérieur que je vais payer 22 euros pour consoler ma toubib.
45mns de consultation !…Après ca, on dit qu’ils prennent pas le temps.
Sur les 45 mns, 10 pour moi et je ressors avec une ordonnance pour une diète protéinée plus 2 ou 3 cochonneries que je lui ai demandé d’ajouter. Elle s’est exécutée sans pinailler.

Retour au bercail, blindée de documentation sur la fameuse diète qu’on ne se procure que par correspondance. Hop, vite fait, je choisis quelques sachets, barres, nouilles... Je sais que je vais pas m’éclater les papilles mais c’est pas le but non plus.

Je passe ma commande en ligne et deux jours plus tard, je reçois ce qui sera désormais mon unique alimentation.

Quatre jours, quatre kilos. Quand je disais que j’allais pas m’éclater les papilles, j’étais en dessous de la réalité. Rien n’est vraiment mauvais…c’est juste des portions pour bébé de 3 à 6 mois : mini purée sans pomme de terre mais avec un peu le gout, mini omelette à faire cuire sans matières grasses (quand on a fini de la décoller de la poêle, il reste plus rien), mini sachet de pates, qui font un peu penser aux pates pour chiens (elles ont juste une forme de pates mais pas le gout, ni la texture, ni la couleur).

Quatre jours de ce traitement, je me replonge dans le bouquin.

Y'a baleine sous gravillons, là, celui qui a inventé ca est un grand malade…je ne tiens plus debout, je pourrais passer mes journées à dormir et j’ai même plus envie de manger…du tout.

Voilà, je trouve l’explication. Imbécile que je suis, j’aurais pu commencer par là et j’aurais découvert que chaque plat protéiné s’accompagne de légumes, de soupe, de salade… bref pas de quoi se taper sur le ventre mais avoir l’impression de faire un repas.

Depuis aujourd’hui donc, le tir est rectifié. Je me suis empiffrée de haricots verts vapeur et d’une microscopique omelette façon provençale…un bonheur !

Je sais que le plus compliqué sera de maintenir pour toujours le poids que je vais à coup sur atteindre…

Une lutte ad vitam aeternam...